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Retour sur une mandature intense et imprévisible avec Frédéric Rogier

Rencontre avec Frédéric Rogier alors que la dernière année de son mandat de président débute, afin de regarder avec lui tout le chemin parcouru aux côtés des élus et des équipes de la Cavec depuis son élection, fin 2019.

« Je n’aurais jamais pu imaginer l’ampleur de tout ce qui nous attendait sous cette mandature. »

Frédéric Rogier, Président de la Cavec

Vous arrivez au terme de votre mandat à la tête de la Cavec. Comment décririez-vous ces cinq dernières années ?

Intenses, enrichissantes… et particulièrement imprévisibles ! Lorsque j’ai pris mes fonctions, début 2020, la grande question qui nous préoccupait était alors celle de la réforme des retraites, avec le passage au régime universel de retraite à points, projet phare du président Macron. Pour rappel, le texte a même été adopté en première lecture à l’Assemblée nationale en mars 2020, avant que la pandémie de Covid-19 ne mette un terme à la réforme. J’ai alors pensé que mon mandat serait peut-être un peu moins combatif que prévu… grand mal m’en a pris ! Le Covid-19 a pris une ampleur que nul n’aurait imaginé, l’inflation est arrivée, et nous avons subi les soubresauts des marchés financiers… Autant d’événements qui nous ont demandé à chaque fois une réaction rapide et adaptée. Je n’aurais jamais pu imaginer l’ampleur de tout ce qui nous attendait sous cette mandature.

Parlez-nous de la gestion de ces urgences, notamment pendant la crise sanitaire.

Je ne vous apprends rien, le Covid a été un défi considérable pour chacun d’entre nous, à titre personnel comme professionnel. Du côté de la Cavec, nous avons tout d’abord adapté notre fonctionnement durant la période et décidé d’accélérer la mise en place de dispositifs modernes de gestion de la relation affiliés, comme les rendez-vous visio ou la création de webinaires d’information, qui ont immédiatement rencontré un grand succès et que nous avons largement développés depuis. En matière de soutien, nous avons très vite mis en place des aides, notamment un mécanisme d’indemnités journalières (IJ) qui débutaient dès le 1er jour de maladie, alors que les IJ de la CNAVPL n’avaient pas encore été créées. D’autres aides avaient été prévues pour les confrères fragilisés souffrant d’une perte de chiffres d’affaires liée à la situation de confinement, mais nous n’avons finalement pas eu tant que cela besoin de les mobiliser, l’économie ayant bien résisté à ce moment-là.

Plus récemment, c’est l’inflation qui a marqué le pays…

En effet. À l’été 2022, face à l’inflation galopante et sans attendre la révision annuelle des pensions, nous avons décidé de verser une prime exceptionnelle de 300 € à chacun de nos affiliés retraités. Nous avons fait le choix d’une prime égalitaire pour davantage de solidarité. Cette prime relevait de l’action sociale, ce qui fait qu’elle n’a pas eu d’impact sur nos réserves. Par ailleurs, lors des revalorisations des années 2023 et 2024, nous avons pris le soin de réviser les pensions de retraite au-delà de l’inflation constatée (ndlr + 6,14 % en 2024 et + 5,6 % en 2023).

L’instabilité gouvernementale que nous connaissons actuellement a-t-elle eu des effets sur la caisse ?

Je ne crois pas que nous soyons directement impactés. Nous avons une autonomie de gestion qui nous préserve en partie et notre régime n’a été que peu concerné par les principales mesures de la réforme des retraites. En revanche, nous avions prévu d’appliquer à notre régime complémentaire dès le 1er janvier 2025 des règles adaptées de la réforme pour le cumul emploi-retraite, la majoration liée au 3e enfant et la surcote pour les professionnels qui continuent d’exercer au-delà de l’âge légal de départ à la retraite. À l’heure où je vous parle, ces mesures votées par le conseil d’administration de la Cavec il y a plusieurs mois n’ont malheureusement pas encore été validées par notre tutelle et nous ne pouvons donc pas mettre en œuvre ces décisions, ce que je regrette profondément.

Pensez-vous que le feuilleton de la réforme touche à sa fin ?

Je l’espère, aussi pour celui ou celle qui me succédera, car nous aimerions pouvoir quitter une posture de défense que nous devons trop souvent adopter. Encore aujourd’hui, nous devons être vigilants face à ce que j’appelle les « scories » du régime universel, qui semble encore un horizon pour certains. Nous avons dû faire entendre notre voix en 2022 sur la manière dont le RGCU était orienté, en 2023 l’Agirc-Arrco a obtenu l’abandon du recouvrement des cotisations par les Urssaf, qui nous menaçait également, le nouveau Premier ministre parle de reprendre certaines mesures du projet de loi de 2020… en résumé, un peu plus de calme serait fort appréciable pour tous !

Vous vous êtes rapprochés de l’Agirc-Arrco récemment…

En effet. D’abord, de façon naturelle, nous travaillons en lien étroit avec toutes les autres caisses des professions libérales, car nous avons beaucoup de points communs, et les mêmes préoccupations. Mais nous avons aussi été amenés à beaucoup travailler ces dernières années avec l’Agirc-Arrco, notamment au sein de l’Union Retraite, et nous avons décidé de renforcer nos relations partenariales récemment. Comme la Cavec, l’Agirc-Arrco pilote un régime de retraite complémentaire autonome. Celui-ci est mené par les partenaires sociaux de la même façon que nous sommes menés par la profession ; ce sont des modèles vertueux et nos caisses se portent bien.  Il s’agit d’un appui fort car nous avons la même conception de ce qu’est la protection sociale et de ce qu’est la retraite. Nous avons notamment tenu un stand commun lors du dernier Congrès de l’Ordre, en octobre dernier, sur lequel nous avons fait découvrir la puissance de l’outil Mon Compte Retraite, grâce auquel les experts-comptables et commissaires aux comptes peuvent par exemple simuler le montant global de leur retraite en fonction de leur date de départ souhaité. Nos équipes découvrent mutuellement les fonctionnements de chaque régime, ce qui leur assure de toujours mieux conseiller les affiliés.

… et vous avez également noué des liens avec des assureurs ?

Nous avons rencontré les différents assureurs de la profession comptable et leur avons proposé la signature de la charte Cavec afin de mieux conseiller leurs assurés. Nous leur présentons notre régime et la couverture prévoyance que nous offrons aux professionnels et notre idée est que s’ils connaissent mieux notre régime, alors ils seront à même de proposer aux experts-comptables et commissaires aux comptes des protections qui viennent bien en complément – et non en doublon – de notre service.

Quels autres chantiers significatifs avez-vous mené lors de votre mandature ?

L’un des chantiers de longue haleine auquel nous nous sommes attelés est la modernisation de notre image. Nous avons changé notre identité visuelle, tous nos outils de communication, y compris notre site internet, et créé de nouveaux rendez-vous avec nos affiliés, que ce soit les webinaires, la newsletter trimestrielle, celle dédiée aux retraités ou encore le mailing d’information à destination des jeunes affiliés. Ce qui a guidé ma mandature a vraiment été la notion de service rendu à nos affiliés. Nous avons une excellente caisse de retraite et de prévoyance, nous devons le faire savoir à nos affiliés et leur donner envie de prendre en main les questions de retraite et de prévoyance.

L’équilibre de la caisse est-il toujours aussi bon ?

Je n’ai rien inventé, j’ai suivi la ligne de mes prédécesseurs : rigueur, anticipation, prudence… le temps long nous va bien et nous permet de ne pas paniquer à la moindre baisse constatée sur les marchés financiers ou immobiliers. Notre stratégie de diversification nous aide également puisque nous avons un bon équilibre avec environ 14 % de nos placements réalisés en immobilier, sur des immeubles nous appartenant en propre au cœur de Paris. Depuis quelques années nous baissons progressivement le taux de rendement pour faire face au déséquilibre démographique de la profession, mais cette question concerne l’ensemble des régimes et notre courbe reste parmi les plus favorables. Par ailleurs, notre régime de prévoyance se porte lui aussi très bien et nous offrons une excellente protection aux professionnels face aux aléas de la vie, notamment par le jeu des options possibles en classe supérieure.

Quels moments de votre mandat vous rendent le plus fier ?

Il n’y a pas un moment en particulier, c’est un mélange d’accomplissements et d’engagements. Être à la tête d’un organisme aussi complexe que la Cavec, qui gère 220 millions d’euros d’entrées et de sorties chaque année et veille sur près de 2 milliards d’euros de réserves, c’est déjà en soi une grande fierté et un engagement important. Traverser les crises avec une équipe de qualité, soudée et préserver l’autonomie de notre caisse dans un environnement de plus en plus centralisé rend fier également. Et puis la dimension intergénérationnelle de notre caisse m’a particulièrement touché. On est héritiers des gens qui sont bénéficiaires et on prépare l’avenir de ceux qui ne sont pas encore entrés dans la profession ; on travaille aussi bien pour le retraité centenaire que le jeune qui vient de s’inscrire… cela renforce le sentiment d’œuvrer pour le bien commun ! Ma profession m’a tout apporté : j’ai aimé travailler, j’ai rencontré des gens fantastiques, j’ai eu l’impression de servir, j’ai bien gagné ma vie… C’est une grande chance d’être à la tête de la Cavec pour ma fin de carrière, cette expérience est merveilleuse.

Comment envisagez-vous l’avenir de la Cavec ?

Je l’espère serein ! Notre caisse est solide, avec une autonomie préservée et des bases financières robustes. Pour l’année de mandat qui me reste, je vais tout faire pour que soient mises en œuvre les mesures votées dont je parlais précédemment, et pour maintenir le meilleur équilibre possible sur chaque volet : les coûts de fonctionnement, les prestations servies, les cotisations versées et le pilotage des réserves.

Les élections de 2025 sont l’occasion de lancer une dynamique avec une nouvelle équipe. Celle-ci entreprendra peut-être des chantiers de mutualisation de certains outils techniques avec d’autres caisses de profession libérale, c’est une logique vers laquelle il semble assez naturel d’aller. J’espère en tout cas que celui ou celle qui prendra ma suite pourra bénéficier d’un environnement moins conflictuel, pour continuer à faire avancer la Cavec dans l’intérêt commun. Je lui souhaite également d’avoir la chance d’être aussi bien entouré que je l’ai été, à la fois pas les équipes de la caisse et par les consœurs et confrères élus.

Un dernier message pour les affiliés ?

Engagez-vous et votez lors des élections ! Voter, c’est soutenir notre modèle. C’est ce modèle professionnel et autonome qui garantit des résultats depuis des décennies. On assure ensemble, depuis l’origine !