La Cavec s’est dotée, en 2020, d’une Commission relations publiques et communication, afin de mieux diffuser ses positions et propositions dans la sphère publique, auprès de ses parties prenantes, et de mieux affirmer la pertinence et l’efficacité de son modèle.
« Notre commission s’est construite dans l’adversité, quand il a fallu protéger nos réserves contre les visées de l’État, avec son projet de système universel des retraites, sorte de pot commun où les économies des caisses vertueuses étaient appelées à compenser les pertes des régimes imprévoyants », explique Michel Giordano, président de la Commission relations publiques et communication, composée de 13 titulaires chevronnés et de leurs suppléants.
Par forte houle comme par temps calme, la Commission s’appuie sur une première vertu cardinale, dite « règle des 3B » : bosser, bûcher et besogner. Aux premières étapes du projet de retraite « universelle », elle a ainsi contribué, au sein de l’Institut de la Protection Sociale, à la mise en évidence d’injustices criantes. « Nous avons fait des simulations méthodiques, précises, démontrant que les femmes, et plus encore les mères de famille, seraient les grandes perdantes de la réforme. Une analyse largement relayée dans les médias, qui a révélé toutes les inégalités cachées sous le slogan simpliste : 1 euro cotisé = 1 euro de droit », souligne Michel Giordano.
La Commission poursuit en parallèle un travail de fond, interrogeant l’origine des attaques à répétition contre le modèle social français. En partenariat avec le Cevipof(1), elle vient ainsi de réaliser trois rapports, évaluant l’acceptabilité sociale d’une rénovation des retraites, analysant la diversité des pratiques réformatrices dans le monde, rappelant le fondement historique des régimes spéciaux et autonomes. Prolongés de conférences et d’interventions dans les médias, ces rapports ajouteront aux pares-feux contre la propension récurrente à standardiser et aligner les retraites sur un plus petit dénominateur commun.
Dans sa stratégie d’influence, la Cavec applique un deuxième principe fondamental : jouer collectif. Elle fait corps avec les autres instances de l’expertise comptable – Ordre, CNCC, ECF, IFEC, autres syndicats et clubs…(2) – pour donner plus d’ampleur et de poids aux messages de la profession. « Nous avons, par exemple, pris une position commune, en avril 2022, pour avertir de certaines dérives et lacunes, dans le déploiement du RGCU(3), qui risquaient d’aboutir à un transfert, au profit de l’État, de la gestion des carrières de nos affiliés. Rassemblée, notre voix porte plus loin », relève Michel Giordano.
Un réseau qui compte
La Cavec resserre également les liens avec les autres organismes de retraite, de l’Agirc-Arrco à la CNAVPL, en passant par la CNAV. Cette collaboration vise, entre autres, à anticiper les manœuvres et mouvements sur un champ de la protection sociale, estimé à 820 milliards d’euros, qui aiguise les appétits de toutes parts. « Nous exerçons une veille permanente des initiatives législatives, réglementaires et politiques. Nous partageons les informations avec nos partenaires, sur tous les projets sensibles susceptibles de nous impacter, comme le transfert à l’Urssaf du recouvrement des cotisations », précise Michel Giordano.
La Cavec peut enfin compter sur un atout essentiel : un carnet d’adresses épais comme un référentiel IFRS, un relationnel étendu et cultivé au fil des années. « Quand je vois le conseiller social du ministre du travail, j’ai devant moi celui qui était auparavant le conseiller retraite de Jean-Paul Delevoye, rencontré à plusieurs reprises pour défendre notre modèle face au projet de retraite universelle. Cela ne veut pas dire que vous allez être d’accord : mais que vous vous respectez, vous écoutez et pouvez parvenir à des compromis », résume Michel Giordano.
Dans les phases préparatoires à l’instauration d’un régime universel, la Cavec a rencontré à plusieurs reprises des membres du gouvernement et de leurs cabinets, sondé plus de 40 parlementaires, siégeant en Commission des affaires sociales, vu et revu les équipes de la DSS(4), pris conseil auprès de figures influentes (Jean-Luc Izard, Jean-Claude Mailly, Michel Sapin…). « Si la réforme passait, nous avions obtenu la protection de nos réserves et une pérennisation de notre autonomie de gestion pendant au moins 25 ans », précise Michel Giordano.
La même activité se déploie aujourd’hui pour prévenir les possibles impacts du nouveau projet de réforme des retraites, et plus généralement pour préparer, accompagner toutes les décisions de la Cavec : par exemple pour obtenir rapidement, des autorités de tutelles, le feu vert au versement d’une aide forfaitaire inflation de 300 euros à l’ensemble des retraités de la Caisse.
Au-delà des équilibres de gestion, la capacité de la Cavec à protéger ses affiliés tient à un discret et inlassable travail de relation publique.