Pour fixer la nouvelle valeur du point de retraite complémentaire, le conseil d’administration s’appuie sur le travail de fond mené par la commission Prospective, avec l’appui d’actuaires indépendants. Éclairage.
En matière de gestion, la Cavec dispose de grandes marges de manœuvre. Elle est ainsi responsable des appels de cotisation, du pilotage de ses fonds de réserve et de la valeur des points d’achat et de versement. Agissant dans le cadre d’un régime par répartition provisionné elle se doit cependant d’agir avec prudence et rigueur afin que ceux qui sont en activité aujourd’hui puissent bénéficier de la meilleure retraite possible demain, en maintenant un bon équilibre entre cotisants et allocataires. C’est ici qu’intervient la commission Prospective. Sa mission ? « Développer une vision à long terme en anticipant l’évolution des variables qui vont impacter l’avenir de nos réserves d’une part et la démographie de nos populations d’actifs et de retraités d’autre part », explique Nicole Calvinhac, présidente de la commission Prospective.
Des variables nombreuses
Pour le premier axe, la commission Prospective s’appuie sur l’expertise de la commission des Placements. Cette dernière suit de près le rendement des différents fonds qui composent les réserves de la caisse ; elle raisonne elle aussi à long terme pour garantir l’équité intergénérationnelle.
Quant au volet démographique, les variables suivies sont très nombreuses. « Nous cherchons d’abord à estimer le nombre de nouveaux entrants dans le régime. Pour ce faire, nous nous rapprochons de l’Ordre des Experts-Comptables qui nous fournit chaque année les nombres de stagiaires, de nouveaux diplômés et de nouveaux inscrits à l’Ordre, sachant qu’il existe un delta non négligeable entre les deux derniers chiffres puisque sur 1100-1300 diplômés annuels, environ 850 seulement deviennent réellement experts-comptables. L’ensemble de ces données permettent de réaliser des projections du nombre de nos futurs cotisants dans les décennies à venir, sans oublier qu’ils seront, un jour, de futurs retraités. »
Connaître nos adhérents pour anticiper nos recettes et nos volumes de pension
Au-delà du quantitatif, la commission s’intéresse aussi à la composition de la population d’adhérents dans la perspective d’affiner la modélisation des recettes qui permettront à la caisse années après années de faire face à ses engagements et de nourrir ses réserves. Pour ce faire, elle prend notamment en compte la répartition hommes/femmes, car ces dernières cotisent moins, en raison de revenus souvent significativement inférieurs (de 20 000 à 25 000 €/an en moyenne) à ceux de leurs confrères. La part des salariés dans la population de nouveaux cotisants est, elle aussi, scrutée de près ; « en effet, leurs contributions à la Cavec – forfaitaires – sont proportionnellement moins élevées que celles des TNS, dans la mesure où ils cotisent déjà au régime de base des salariés et aux régimes complémentaires agirc-arrco, poursuit Nicole Calvinhac. Or, depuis quelques années, les salariés sont de plus en plus nombreux parmi les nouveaux adhérents, en conséquence de la loi qui soumet les dividendes des dirigeants de SARL aux cotisations sociales. » Si cette tendance devait se confirmer dans la durée, les réserves de la Cavec pourraient être exposées à un risque de déséquilibre. C’est donc une variable clé, même si elle est en partie compensée par le fait que bon nombre d’experts comptables quittent le salariat pour l’indépendance au bout de quelques années. Enfin, pour avoir une vision démographique complète la commission prospective s’attache également à prévoir l’évolution de sa population de retraités, en tenant compte de plusieurs facteurs : la pyramide des âges des cotisants et des allocataires , l’âge moyen de liquidation des droits, les pensions de reversions ou encore les effets du cumul emploi/retraite.
De la simulation à la revalorisation
« Une fois que nous avons toutes ces données en main nous les transmettons aux actuaires indépendants qui nous accompagnent. Nous organisons chaque année quatre réunions avec eux autour des simulations qu’ils réalisent à 10, 20 et 30 ans ». A l’automne, la commission est ainsi en mesure de proposer au conseil d’administration d’éventuelles adaptations du taux de rendement des cotisations et des montants de revalorisation du point d’achat et du point servi. » Les modélisations prospectives que nous réalisons depuis plusieurs années nous incitent ainsi à viser un rendement de 7,90% à l’horizon 2035, contre 8,71% en 2021, cela restera un taux élevé, comparé aux niveaux observés chez d’autres régimes complémentaires ou aux produits d’épargne, mais il faut noter aussi que ce taux de rendement bénéficie d’un départ à la retraite à 65 ans, et non pas à 62 ans comme dans le régime des salariés », indique Nicole Calvinhac en conclusion.